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« Avec la crise du coronavirus, l’hôpital s’est concentré sur sa fonction de base : soigner »
La pandémie du Covid-19 a chamboulé l’organisation de l’hôpital. Jean-François Cardis dirige les Établissements hospitaliers du Nord vaudois depuis 5 ans. Interview.
Comment les Établissements hospitaliers du Nord vaudois sont-ils préparés aux situations de crises ?
Jean-François Cardis : Depuis plusieurs années, des journées de formation théoriques sont mises en place une fois par année. Par ailleurs, toujours une fois par année, généralement en automne, nous effectuons un exercice de crise dont on ne connaît pas le scénario à l’interne. Cela permet d’acquérir des automatismes et cela débouche sur la mise à jour de procédures en cas de situation particulière. En revanche, la gestion d’une pandémie n’avait jamais fait l’objet d’un exercice.
Quelles mesures ont été prises au début de la crise du nouveau coronavirus ?
Comme la situation était inattendue et inédite, il a très vite fallu inventer des solutions. J’ai organisé deux rencontres quotidiennes d’État-Major, afin d’assurer la coordination avec les équipes, car les consignes du canton étaient parfois contradictoires d’un jour à l’autre. Il a sans cesse fallu adapter notre organisation. Concrètement, nous avons rapidement dû sécuriser les lieux en séparant les flux des patients potentiellement atteints du virus et ceux qui se rendaient à l’hôpital pour une autre raison. Et d’un point de vue administratif, nous avons organisé le télétravail pour près de 300 collaborateurs. Enfin, les collaborateurs de l’intendance, du service technique, des soins et du médical ont fait preuve d’une grande souplesse et d’un magnifique sens de l’engagement en acceptant de modifier leurs horaires, de changer de service et parfois même de lieu de travail.
À quels défis majeurs l’hôpital a-t-il dû faire face durant cette période ?
Un premier défi a été la gestion du flux abondant de patients bien sûr, mais aussi l’hospitalisation plus longue des patients en soins intensifs. Heureusement, nous avons pu renforcer les équipes de soignants et doubler celles de garde, qui ne pouvaient pas se reposer durant le service, en raison de cette fréquentation importante. Nous avons aussi dû sécuriser l’hôpital. Nous nous en sommes rendu compte très vite. Le premier week-end, après l’apparition du coronavirus en Suisse, nos flacons de désinfectant avaient tendance à disparaître. Enfin, humainement, le plus difficile a été d’accompagner les patients, privés des visites de leurs proches.
Quel premier bilan pourriez-vous dresser à l’heure actuelle de la traversée de cette crise au sein de l’hôpital ?
Je suis particulièrement reconnaissant du travail fourni par tout le personnel et heureux du faible taux de contamination au sein des équipes de soins. Sur les 1700 collaborateurs, seulement 60 ont été touchés par le virus et aucun n’a dû être transféré aux soins intensifs.
De quelle manière cette épreuve va-t-elle influencer le fonctionnement de l’établissement à l’avenir ?
Le développement durable a toujours occupé une place importante dans ma gestion de l’hôpital. Cette crise m’a permis de poser et d’éprouver des éléments que je souhaitais mettre en place à terme. Par exemple, il me semble impératif de reprendre le travail en présentiel de façon intelligente. Le télétravail pour l’administration est une solution qui comporte de véritables avantages : optimisation du temps de travail, réduction de la circulation, disponibilité des places de parking. Surtout, je pense que cette crise a permis aux hôpitaux de se concentrer sur leur mission première : soigner. Car aujourd’hui, l’industrie de la santé et les impératifs économiques de réduction des coûts de la santé, par exemple, parasitent souvent cette fonction de base.
