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La vague du sans gluten
Tendance, le régime sans gluten trouve de plus en plus d’adeptes. Une pratique qui n’est pas sans risques si elle est engagée spontanément.
Il y a 5 ans, Novak Djokovic publiait le livre Service gagnant. La star du tennis y dévoilait les secrets de « l’alimentation sans gluten pour une parfaite forme physique et mentale ». Une parution qui illustre l’effet de mode des régimes sans gluten, un terme désignant un ensemble de protéines contenues dans certaines céréales.
À l’image du tennisman serbe, un public toujours plus nombreux décide de se passer d’aliments contenant cette substance. Parallèlement, les supermarchés étalent une offre de produits estampillés « sans gluten » toujours plus importante.
Les bénéfices de ce régime ne font pourtant pas l’unanimité. « Supprimer un groupe entier de son alimentation risque de générer un déséquilibre et de créer des carences », explique la diététicienne Anne Blancheteau. Et si les emballages laissent croire que les produits de substitution sont plus sains, voire même amaigrissants, il s’agit d’une tromperie. Car ces aliments contiennent souvent une quantité plus importante de matières grasses et de sucres. Ils sont aussi en règle générale plus chers que leurs équivalents traditionnels.
La question de l’intolérance au gluten est complexe. Car malgré l’augmentation de diagnostics spontanés, cette maladie reste actuellement sous-diagnostiquée. « L’affection se décline en deux grandes catégories. D’une part, il y a les personnes atteintes de maladie coeliaque, qui doivent exclure strictement le gluten de leur régime alimentaire. D’autre part, il y a ceux qui souffrent d’hypersensibilité à cette substance. » Mais dans ce deuxième cas, les biomarqueurs permettant de vérifier la présence d’une hypersensibilité ne sont pas encore suffisamment développés. Cela rend le diagnostic assez délicat. « Chez un sujet malade, le corps ne produit pas l’anticorps nécessaire à la métabolisation du gluten, qui attaque alors la muqueuse de l’intestin grêle. Des troubles digestifs ainsi que des douleurs abdominales et parfois cutanées en découlent. » Le seul moyen d’y remédier est d’opérer une sélection stricte d’aliments ne contenant aucune trace de gluten. Dans le cas d’une hypersensibilité, une diminution de la consommation peut suffire.
« Il peut être néfaste pour l’équilibre alimentaire d’entamer un régime sans gluten sans le moindre avis médical, conclut Anne Blancheteau. Mais je trouve en revanche que ce phénomène a cela de positif qu’il conduit à s’interroger sur ce que l’on mange. Troquer de temps à autre un plat de pâtes contre un bol de riz renforce l'équilibre alimentaire. »
Anne Blancheteau
Responsable du service nutrition et diététique
