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« On ne réalise pas la multitude de compétences nécessaires pour faire fonctionner un hôpital »
Entretien avec Xavier Schueler, directeur des ressources humaines des Établissements hospitaliers du Nord vaudois.
Xavier Schueler, depuis bientôt un an, vous êtes le directeur du département des ressources humaines des Établissements hospitaliers du Nord vaudois. Comment s’est passé l’atterrissage ?
Très bien ! De mon point de vue en tout cas… J’ai été très bien accueilli, aussi bien par l’équipe des RH que par l’ensemble des autres acteurs.
Pourtant, vous venez du milieu bancaire, qui plus est privé… On peut imaginer que le changement a été plutôt radical…
Oui et non. Oui, en ce qui concerne les lignes métiers dont les essences n’ont absolument rien en commun, ni en termes de mission ni en termes de savoir-faire. Mais non, en ce sens qu’il existe tout de même de nombreuses similitudes entre le milieu bancaire et celui de l’hôpital. La présence du client, respectivement du patient, est au centre de nos préoccupations. Puis, s’agissant de l’aspect des ressources humaines plus spécifiquement, le fait est que, quel que soit le domaine d’activité, sitôt que l’on se trouve en présence de plusieurs personnes qui doivent travailler ensemble, les problématiques telles que le manque de compréhension, le besoin de reconnaissance, la valeur du travail de chacun, notamment, sont, en majorité, les mêmes.
Plus que l’aspect « ressources », c’est donc l’aspect « humaines » qui vous motive ?
L’un ne va pas sans l’autre. Mais dans mon cas, c’est vrai que ce sont plutôt les enjeux liés à ce second aspect qui ont primé dans mes choix. On peut même dire que c’est à cause ou grâce à eux que je suis arrivé, un peu par hasard, dans les ressources humaines.
C’est-à-dire…
Après mes études de lettres, la logique aurait voulu que je me tourne vers une carrière dans l’enseignement. Ce que j’ai d’ailleurs fait durant deux ans avant de comprendre que j’avais besoin d’évoluer dans une profession qui m’offre plus de perspectives de changements, quelque chose de moins répétitif d’une année à l’autre. J’ai alors changé de voie et suis devenu responsable régional d’une caisse maladie. Dans cette fonction, j’avais la responsabilité non seulement des ventes, de la logistique, mais également des ressources humaines. Après quelques mois, j’ai bien dû me rendre à l’évidence que j’étais le plus piètre vendeur du groupe. En revanche, ma région était celle où les collaborateurs affichaient la plus grande satisfaction au travail. J’ai donc tout naturellement réorienté ma carrière vers les ressources humaines au sein d’une grande banque.
On peut donc en déduire que d’ici à quelques mois les collaborateurs des Établissements hospitaliers du Nord vaudois seront tous heureux…
Je l’espère vraiment ! Et il y a déjà plein de choses qui fonctionnent bien. Je pense par exemple à tout ce qui concerne l’aspect « ressources ». Soit la mission qui relève de la gestion de personnel, des salaires, de l’administration ou encore de l’immédiat… En cela, nous sommes très performants. Maintenant, nous avons la chance de pouvoir compter, au sein des ressources humaines, sur un personnel qualifié et capable de positionner également notre département dans l’aspect « humaines ».
Et concrètement, comment est-ce que l’on réalise cela ?
C’est une tâche importante qui ne se fera pas du jour au lendemain. Mais on y arrivera en réaffirmant que c’est au sein des ressources humaines que se trouvent les compétences pour accompagner nos collaborateurs dans les moments clés de leur carrière. Que cela doit bien sûr se faire en partenariat avec les autres services, mais que nous sommes les personnes de référence sur lesquelles ils peuvent s’appuyer dans ces moments-là. Concrètement, cela demande également de consacrer du temps et des forces pour pouvoir accompagner les collaborateurs dans ces mêmes moments clés.
Et quels sont les moments clés dans la carrière d’un collaborateur ?
Il y en a évidemment plusieurs, mais, pour schématiser, il en existe trois principaux.
Le premier est évidemment le recrutement. D’un point de vue « humaines » l’enjeu est de tout mettre en œuvre pour accueillir nos nouveaux collègues dans les meilleures conditions possible. Ensuite, il y a l’accompagnement tout au long de la carrière. Les soutenir dans leur parcours, faciliter leur évolution professionnelle, les encourager à suivre des formations continues ou autrement dit s’assurer que leur carrière rime avec développement. Et puis, les ressources humaines doivent aussi, et surtout, être là quand les choses vont moins bien, que cela soit dans leur vie professionnelle ou, dans une certaine mesure, privée. En cas de situation difficile, le collaborateur des Établissements hospitaliers du Nord vaudois doit savoir que les ressources humaines ne sont pas là que pour apporter une aide administrative, mais que nous sommes aussi présents pour l’écouter attentivement, le conseiller, et tenter de l’aider du mieux que possible. Enfin, le dernier de ces moments clés, et non des moindres, est la fin de la collaboration, qu’elle soit volontaire ou pas. Et là aussi, nous avons une immense responsabilité dans l’accompagnement de la sortie si elle est volontaire ou imputable à un départ à la retraite, respectivement dans l’analyse de ce qui a pu conduire à un échec afin d’en retirer des pistes d’amélioration.
Pour finir, et puisqu’il est nouveau pour vous, l’environnement sanitaire dans lequel vous évoluez maintenant depuis plusieurs mois vous a-t-il réservé des surprises ou est-il conforme à vos attentes ?
Pas de surprise au sens négatif du terme en tout cas. Mais c’est vrai que j’ai découvert la complexité de cet environnement. À mon arrivée, j’ai effectué plusieurs stages, dans différents services, dont un en cuisine, par exemple. Eh bien, je peux vous assurer que lorsqu’on est à la chaîne de sortie des plateaux et qu’on réalise le nombre de menus spécifiques qu’il faut sortir, afin de respecter les différents régimes, on comprend qu’une cuisine d’hôpital ne ressemble pas à une autre cuisine. C’est peut-être cette complexité que l’on retrouve dans tous les services qui m’a le plus surpris. Je m’en doutais, mais je n’en avais pas forcément pris la mesure. Je pense qu’il est impossible, vu de l’extérieur, de saisir vraiment la multitude et la diversité de compétences nécessaires, afin de fournir une prestation sanitaire.
Photographie : Nadine Jacquet